L'investissement dans les titres à dividendes est très populaire et médiatisé depuis les dernières années. Elle est aussi l'une des parties les plus mal comprises de l'investissement et le problème est que ces derniers sont malheureusement mal utilisés.
Bon nombre des croyances profondément ancrées à propos de l'investissement en dividendes sont erronées. Internet, YouTube, Tiktok sont remplis d’articles sur la façon de trouver des actions qui versent des dividendes, ce qui peut créer le désir de vouloir investir uniquement dans les titres de dividendes au lieu d’obtenir un portefeuille bien diversifié entre des titres qui procure de la croissance, intérêt et dividende ayant un risque généralement inférieur pour un rendement similaire ou supérieur.
Quelle est la définition de l’investissement en titre de dividendes?
L'investissement en titre de dividendes est une stratégie d'investissement qui consiste à acheter des actions d'entreprises qui versent régulièrement des dividendes à leurs actionnaires. Les dividendes sont des paiements en espèces ou en actions distribués par une entreprise à ses actionnaires en fonction de sa rentabilité et de sa politique de distribution des bénéfices (profits).
Permettez-moi de dissiper plusieurs mythes sur l'investissement en titre de dividendes et aborder sept problèmes en lien avec ces derniers.
#1 L’impôt
Le premier problème avec l'investissement en titre de dividendes est qu'il augmente vos impôts. Les impôts ne posent généralement pas de problème dans un compte fiscalisé, tel qu'un REER, CÉLI, REEE, REEI, mais dans un compte non-enregistré, les dividendes peuvent augmenter vos impôts.
Lorsqu'un dividende est versé, vous êtes imposé sur ce dernier, que vous réinvestissiez le dividende ou que vous le preniez en espèces.
Le taux d'imposition des gains en capital sont bien moins imposés que les dividendes et ce peu importe votre palier d’imposition.
Examinons un exemple.
Supposons que vous soyez dans la tranche d’imposition de 100 000$ à 112 000$, que votre taux d’imposition de dividende ordinaire soit de 39.96% et pour le gain en capital de 22.86% et que vous gagnez 10 000 $ de dividendes.
Que vous réinvestissiez les 10 000 $ dans le fond, que vous preniez les 10 000 $ en espèces sur votre compte bancaire, vous serez imposé sur les dividendes.
Votre facture fiscale pour ces dividendes sera d'environ 3996 $. Tandis que si ce dernier avait été un gain en capital l’impôt aurait seulement de 2286$ soit 1110$ de moins.
#2 : Les dividendes sont une imposition forcée
Préféreriez-vous payer 39.96 % d'impôts sur la croissance de votre portefeuille l'année où vous la gagnez ou quand vous choisissez de la payer ?
Je connais la réponse… Je veux le reporter le plus loin possible!
Vous ne pouvez pas contrôler quand vous recevez les dividendes, ce qui signifie que vous ne pouvez pas contrôler quand vous êtes imposé sur ceux-ci.
Qui veut être obligé de payer des impôts ? L'une des principales préoccupations des personnes à la retraite est les impôts. La plupart des gens veulent savoir comment réduire leurs impôts et s'assurer de faire tout leur possible pour diminuer la facture fiscale.
#3 Rendements absolus vs dividendes :
Si l'entreprise A vaut 100 $ verse un dividende de 5 $, combien vaudra-t-elle après avoir versé le dividende ? La réponse est 95 $. Après avoir versé 5 $, l'entreprise a 5 $ de moins dans son bilan. Elle ne peut pas verser un dividende de 5 $ et valoir toujours 100 $.
Rendement total = Dividende + Appréciation du prix
Par exemple, si l'entreprise A verse un dividende de 4 % et se déprécie de 6 %, son rendement total est de -2%.
Voici un exemple pour montrer combien sommes-nous imposés ?
Supposons que vous avez 1 000 000 $ dans un compte de placement et que vous gagnez 4% de dividendes et 6% d'appréciation du prix.
Vous avez 40 000$ de dividendes, entraînant une facture fiscale de 15 984$. Les autres 60 000$ gagnés grâce à l'appréciation du prix ne sont pas imposés. C’est une facture fiscale importante à la fin de l’année lorsque cela est ajouté à toutes les autres sources de revenus.
Et si, au lieu de gagner des dividendes, vous gagniez 10 % grâce à l'appréciation du prix ?
Alors, vous ne recevez aucun dividende et vous choisissez quand reconnaître la hausse de 100 000 $.
Si vous essayez de créer des niveaux de revenus plus bas, peut-être ne vendez-vous que 40 000 $ et reconnaissez 4 000 $ de gains en capital soit un impôt de 914$ d’impôt.
Au lieu de payer 15 984 $ d'impôts forcés grâce aux dividendes, vous réduisez votre facture fiscale de portefeuille à 914$ d'impôts en vous concentrant sur l'appréciation du prix.
D’ailleurs, beaucoup d'entreprises ont des dividendes élevés et perdent de la valeur avec le temps ou restent stables. Regardez Fiera capital, Banque Laurentienne, GM, GE, BCE, etc.
Si je prends un rendement de 7 % et que l'action baisse de 10 %, vous êtes en baisse de 3 % sur l’année. Parfois, un rendement de dividende élevé peut être le signe d'un problème sous-jacent au sein de l'entreprise, tel qu'une baisse des performances commerciales ou des ratios de distribution insoutenables. Investir uniquement en fonction de rendements de dividendes sans une analyse appropriée peut conduire à des investissements dans des entreprises fondamentalement faibles.
#3 Les dividendes sont des actions et les actions ont un écart-type et un risque beaucoup plus élevé que les obligations
Il est vrai que les actions à dividendes sont généralement moins risquées que les actions de croissance. Cependant, il y a toujours des risques à n'avoir que des actions à dividendes dans un portefeuille à la retraite. En 2008, la plupart des portefeuilles de dividendes ont perdu entre 30 et 35 % et ont arrêté de verser des dividendes aux actionnaires pendant 1 à 3 ans. Les retraités qui ont besoin de leurs revenus de placements vont retirer de leur portefeuille qui a subi une forte dépréciation pendant 3 ans et cela sans aucune distribution de leurs dividendes. Les impacts d’une telle situation sont catastrophiques pour un portefeuille.
#4 Les dividendes réduisent ce que l'entreprise peut réinvestir pour la croissance
Une autre raison pour laquelle je n'aime pas me concentrer sur l'investissement en titre de dividendes uniquement est que les entreprises qui versent des dividendes ont moins d'argent à réinvestir pour la croissance. Elles admettent qu'elles n'ont pas d'idées pour accroître la valeur de l'entreprise, ce qui signifie généralement qu'elles ont fini de croître aussi rapidement.
*Ce n'est pas toujours le cas, certaines entreprises ont une bonne croissance et versent des hauts dividendes, mais elles sont très rares.
#5 Les dividendes réduisent la diversification
Les portefeuilles axés sur les dividendes peuvent devenir fortement concentrés dans des secteurs ou des industries spécifiques qui sont connus pour leurs dividendes élevés. Une surconcentration dans certains secteurs peut exposer les investisseurs à des risques spécifiques, rendant le portefeuille vulnérable aux périodes de ralentissement économique qui affectent ces secteurs. Nous savons que toute concentration, que ce soit dans un secteur, une géographie ou une capitalisation boursière, peut augmenter la volatilité, ce que nous essayons d'éviter pendant la retraite ou en préparation à la retraite.
#6 Les dividendes ne sont pas garantis
Les entreprises peuvent réduire ou suspendre leurs dividendes pendant les périodes économiques difficiles ou en cas de difficultés financières. De telles actions peuvent avoir un impact significatif sur le flux de revenus attendu par les investisseurs, entraînant des déficits potentiels de revenus. Nous avons vécu l'un des cycles haussiers les plus longs jamais enregistrés au cours des 15 dernières années, mais prenons la période de 1990 à 2010. Trois récessions ont eu lieu dans cette période, et de nombreuses entreprises ont soit disparu, soit arrêté de verser des dividendes. Pendant ces périodes, nous nous tournons vers d'autres classes d'actifs tels que les obligations et la trésorerie pour protéger et fournir le flux de revenus nécessaire.
#7 Taux d'intérêt élevés, rendement élevé des obligations
Actuellement, les obligations offrent un revenu d’intérêts entre 4 et 8 % pour la moitié de l’écart-type (mesure de risque) d'une action à dividendes. Lorsque les taux d'intérêt augmentent, les investissements à revenu fixe comme les obligations deviennent plus attrayants par rapport aux actions à dividendes. En conséquence, les actions à dividendes pourraient connaître une demande réduite, entraînant des baisses de prix potentielles. De plus, lorsque les taux baisseront, ces obligations généreront également d'importants gains en capital, ce qui est à nouveau très attractif. Des taux d'intérêt plus élevés mettent également beaucoup de pression sur les entreprises ayant des dettes ou des niveaux d'effet de levier élevé et peuvent réduire/supprimer les dividendes.
En conclusion
Le mot d’ordre est diversification. Ne vous laissez pas séduire simplement par un dividende élevé et prenez le temps de consulter un professionnel pour bien diversifier votre portefeuille. Un mélange de dividendes et de croissance offre plus de cohérence, moins de risque, un portefeuille mieux diversifié et un meilleur rendement total sur le long terme.